Suivez vos maïs du semis à la récolte

Suivez vos maïs du semis à la récolte

Une fois le « Top départ » des semis du maïs passé, il ne faudra que 5 mois environ à la plante pour fournir une quantité de fourrages suffisante pour constituer la base de la ration de la plupart des troupeaux laitiers. Déterminer précisément et de manière précoce la date de fin, de ce cycle de culture très court est un enjeu majeur pour les éleveurs puisque la date de récolte conditionne la qualité de l’ensilage.

Difficile de prévoir la date d’ensilage lorsque la météo s’en mêle. En 2023, les pluies du printemps avaient prolongé la période de semis des maïs induisant parfois de la battance et des levées hétérogènes. Malgré cela, les rendements ont généralement été satisfaisants avec des maïs bien pourvus en grains. Pour autant, les résultats d’analyses de ces ensilages montrent que seulement 40% des maïs ont été récoltés au bon stade (Source : résultats Agrinir ACE 2022-2023 – 1 700 échantillons). Or, un ensilage récolté au mauvais stade impacte fortement et durablement la quantité de lait produite. En moyenne, pour un troupeau de 100 vaches laitières, un écart de maturité du maïs à la récolte de 5 points par rapport à l’objectif (situation fréquemment rencontrée) peut engendrer une perte de plus de 8 000 € (soit 0,5 litres de lait en moins par vache et par jour).

La détermination de la date optimale de récolte constitue donc un enjeu économique majeur pour les éleveurs. Pour y parvenir, ils peuvent s’appuyer sur les stades de développement de la plante et plusieurs outils de prédiction permettant de suivre l’évolution de leurs parcelles.

Le semis est déterminant pour le rendement

Le développement de la plante de maïs est très fortement corrélé aux conditions de températures. Plus il fait chaud, plus elle réalise son cycle rapidement, et cela dès le semis ! Lorsque la température du sol atteint 10°C, il faut en moyenne 200 heures de la germination à la levée. A 6°C, il faudra 1 000 heures à la même graine pour lever. Pour obtenir une belle levée, rapide et homogène, la température du sol est donc primordiale au même titre que la régularité de profondeur du semis. Le potentiel final de la culture en dépend : il est admis qu’une levée hétérogène (1 feuille d’écart) peut entrainer une perte de 20% de rendement !

Une histoire de somme de degrés

Pour atteindre le stade de maturité suffisant à sa récolte, une variété de maïs est classée de très précoce à très tardive. Pour les plus précoces, il faut en moyenne 1400 degrés jour base 6°C (température correspondante au zéro végétatif du maïs) pour atteindre le stade des 32% de MS, alors que les plus tardives réclament plus de 1700°C base 6°C. Cette caractéristique est généralement exprimée par l’indice FAO noté de 150 à 570. Même si les semenciers utilisent très largement cette notation, la somme de températures est souvent disponible sur les fiches variétales.

La précocité d’une variété est liée, en partie, à son nombre de feuilles qui est inscrit dans son patrimoine génétique. Les précoces ont moins de feuilles que les tardives, il faut donc moins de degrés jour (dj) pour réaliser le cycle de la plante. La différence peut aller jusqu’à 5, 6 voire 7 feuilles. Et, puisqu’il faut 44 degrés jour pour l’apparition d’une feuille, il est assez simple de comprendre les écarts de développement d’une variété à l’autre.

Ainsi, le suivi de la somme des températures est un bon indicateur du développement des cultures de maïs. L’enjeu réside dans la précision de ces données, afin qu’elles correspondent aux conditions réelles de la parcelle. Les outils de pilotage de la culture doivent donc se baser sur un réseau dont le maillage est suffisamment fin.

Dans tous les cas, la décision finale de la date d’ensilage sera prise dans les parcelles. L’observation du grain et de la plante reste indispensable pour ajuster la date de récolte à l’objectif de MS : 35 à 37% de MS pour optimiser le rendement et le taux d’amidon, et réduire l’utilisation de concentré énergétique à l’auge. 

Combien de tonnes dans mon silo ?

En plus d’estimer la date de récolte, il peut être intéressant d’évaluer le rendement prévisionnel des parcelles afin d’envisager l’achat sur pied si le bilan fourrager est trop juste. Pour cela, la pesée avant récolte selon la méthode Arvalis consiste à compter le nombre de grains fécondés sur 10m². L’estimation est obtenue à partir d’une grille de correspondance entre le grain et le rendement plante entière. Pour être fiable, le résultat nécessite plusieurs comptages dans une parcelle. Par conséquent, l’opération peut être fastidieuse pour obtenir une idée du rendement à l’échelle de l’exploitation.

Un outil de pilotage au service des éleveurs

Pilote Maïs est un outil de suivi de culture qui combine de nombreuses données afin de fournir des indicateurs décisionnels. La date de semis, la variété, le type de sol sont préalablement enregistrés dans l’outil qui les associe ensuite à des enregistrements météorologiques de l’année en cours et des années passées. Dans le cas de Pilote Maïs, les données météorologiques proviennent d’un réseau de stations météo réparties tous les 25 km². Enfin, dès que le développement de la biomasse le permet, Pilote Maïs s’appuie sur des photos satellites pour suivre l’évolution de la végétation.

L’ensemble de ces informations constitue une base suffisamment solide pour estimer, dès la fin du mois de juillet, le rendement et la date de récolte des parcelles.

Bien connue pour la gestion des apports d’engrais, l’imagerie satellite offre une alternative intéressante pour déterminer rapidement et précisément le développement de la biomasse. L’outil Pilote Maïs utilise ces informations pour fournir une estimation du rendement dès la fin du mois de juillet.

Après avoir sélectionné les bonnes variétés, après avoir préparé, amendé, semé avec attention, il faudra décider du jour de récolte et sans se tromper ! Même s’il restera toujours l’impondérable météo, l’éleveur peut s’appuyer sur les connaissances acquises, les outils de suivi et les observations au champ pour maximiser ses chances de prendre la bonne décision.

Jean-Luc Verdru
Conseiller Fourrages d’ACE