Pousse de l'herbe Bio en Avesnois - Novembre 2022

Pousse de l'herbe Bio en Avesnois - Novembre 2022

Après une pause estivale “forcée” de nos mesures d’herbe, voici un état des lieux sur cet automne favorable pour la pousse de l’herbe, ainsi que le bilan de l’année.

Reprise de la pousse après la sécheresse

Certaines zones de l’Avesnois ont bénéficié de pluies orageuses à partir de mi-août. Néanmoins, ce sont les pluies de début septembre qui ont réellement relancé la pousse et le pâturage. Les conditions favorables de remise à l’herbe des animaux ont permis la poursuite du pâturage de cet automne. En effet, en termes d’exploitation, l’herbe d’automne doit être gérée comme une pousse de printemps :

  • Adapter le chargement
  • Varier le temps de présence

Nous constatons que les éleveurs ayant raisonné, voire même rationné, le pâturage à la reprise ont encore à disposition environ 1 mois de stocks sur pied.

L’herbe d’automne

L’herbe verte et poussante post-sécheresse est la traduction d’un décalage de la minéralisation qui n’a pas eu lieu cet été. Repartie de zéro après la dormance estivale, la plante s’est développée uniquement en feuilles. Les valeurs alimentaires de l’herbe sont semblables à celles du printemps. Les qualités nutritionnelles de l’herbe sont, en revanche, diluées. Attention à la teneur en matière sèche qui peut impacter la capacité d’ingestion des animaux. Seule une analyse de votre herbe peut vous donner la réponse.

Un exemple d’analyse ci-dessous donne une indication sur la qualité de l’herbe d’automne. Le prélèvement a été réalisé le 20 octobre 2022 sur une herbe de prairie permanente, prête à être pâturée.

Les résultats de cette analyse démontrent que la qualité de l’herbe d’automne est au rendez-vous. La teneur en MS peut paraître faible mais elle est comparable à l’herbe de printemps (15% de MS en moyenne). Les valeurs alimentaires (UFL à 1.01, MAT à 20.27) correspondent à un fourrage bien équilibré, qu’il est primordial de valoriser.

La mise à disposition d’un fourrage sec en parallèle peut permettre de réguler le transit et ainsi mieux valoriser l’herbe ingérée. Prudence néanmoins car l’herbe ne sera pas aussi bien consommée en prairie si les animaux se gavent de foin. Un fond de panse avant la mise au pâturage permet de tamponner, sans risquer une chute de lait dûe à la diminution d’ingestion d’herbe.

Pâturage d’automne

Pour pouvoir faire valoriser l’herbe par vos animaux, il est nécessaire de gérer les conditions de pâturage. Ne soyez pas effrayés par les traces de sabots dans vos pâtures. Après un mois d’octobre recensé comme le plus chaud et le plus sec (de 19 à 53 mm) jamais constaté, les premières pluies d’automne arrivent depuis une dizaine de jours. Jusqu’à maintenant, la portance des sols était correcte. Il faut garder en tête que le sol reste très sec et que sa dégradation par les animaux ne peut être que superficielle pour l’instant (hormis sur les chemins non stabilisés ou les zones d’affouragement).

Nous vous proposons un test facile qui permet d’évaluer l’état de portance de vos prairies. Pour cela, il vous suffira de planter franchement le talon et de constater le marquage sur la prairie qui en découle. Si le talon ne s’enfonce pas de plus de 5 cm, le sol de vos prairies semble suffisamment portant pour continuer le pâturage.

Valoriser l’herbe d’automne correctement permet de compenser le manque d’herbe de cet été et d’éviter de consommer les stocks d’hiver. Néanmoins, nous vous incitons à rester vigilant sur “l’agressivité” de votre pâturage. Le sur-pâturage peut provoquer des difficultés pour les plantes qui se mettent en réserve dès maintenant.

Votre planning de pâturage de printemps se prépare en automne : en effet, plus la hauteur en sortie de pâturage est basse en fin de saison précédente, plus la mise à l’herbe au printemps est repoussée. C’est une adaptation quotidienne à assurer, en fonction de la pousse de l’herbe et des conditions de portance des sols.

Si les conditions climatiques vous empêchent de valoriser l’herbe sur pied cet automne, rien n’est complètement perdu ! Le climat de l’hiver vous donnera une indication sur la pratique à adopter au printemps :

  • S’il fait doux : pousse lente mais continue, valorisation précoce au printemps voire fin d’hiver
  • S’il neige sans fortes gelées : dégradation de la qualité de l’herbe et pas de retour au sol bénéfique. La prairie sera à faire nettoyer par des animaux à moindre besoin au printemps.
  • S’il gèle : feuilles dégradées mais valorisées par le sol.

La pousse 2022 comparée aux autres années

La courbe de pousse de 2022 a sensiblement la même allure que celle de 2020. Mais cette année est caractérisée par de meilleures pousses au printemps comme à l’automne. Le « trou d’herbe » estival a eu lieu aux mêmes dates pour ces deux années : de mi-juillet à septembre. Ces constatations, de plus en plus régulières ces dernières années, doivent vous inciter à raisonner en fonction de ce manque d’herbe en été (techniques de pâturage, complémentation, stocks sur pied, ….).

Le bilan de l’année 2022 de la pousse de l’herbe bio est mitigé. Après un début de printemps plutôt favorable, la pousse de l’herbe a commencé à chuter dès le mois de mai pour être complétement nulle pendant presque 2 mois cet été. Fort heureusement, de belles valeurs ont été observées en automne. D’ailleurs, la pousse post sécheresse représente un tiers des rendements 2022.

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