Médecines complémentaires : une réglementation et des effets à connaître

Médecines complémentaires : une réglementation et des effets à connaître

Les médecines complémentaires se développent en médecine vétérinaire, c’est pourquoi Avenir Conseil Elevage organise cette année une formation de 3 jours dans l’Aisne destinée à permettre aux éleveurs de mieux connaître et comprendre ces types de traitement. Le Docteur Cindy JOUVE, vétérinaire praticienne titulaire d’un Diplôme Universitaire en plantes médicinales, phytothérapie et aromathérapie, qui anime cette formation apporte ici quelques repères sur le sujet

Médecines complémentaires : c’est quoi et quel est leur intérêt ?

La définition officielle de l’Organisation Mondiale de la Santé dit que les médecines complémentaires concernent ce qui ne s’apparente pas à la médecine traditionnelle du pays dont on parle. Les plus connues dans notre pays sont l’homéopathie, l’aromathérapie (utilisation des huiles essentielles), la phytothérapie, l’acupuncture ou l’ostéopathie.

Ces médecines complémentaires permettent d’élargir le champ des possibilités de traitement. Aujourd’hui, beaucoup de questions se posent sur les résistances aux antibiotiques et aux antiparasitaires, il est donc intéressant de s’ouvrir à d’autres possibilités de traitement permettant de nous rendre moins dépendants des antibiotiques et de préserver l’efficacité des traitements chez l’homme. Selon les cas, la thérapeutique classique peut être remplacée par des médecines complémentaires ou bien leur être associée « avec bonheur ».  

L’intérêt de ce type de médecine est également qu’elle est très personnalisée : « suite à l’examen clinique, je juge de la pathologie de l’animal ou du lot d’animaux qui se trouvent dans le même contexte avec les mêmes symptômes, puis je propose la prescription la plus adaptée. Ma formation me permet de réaliser des préparations magistrales qui correspondent précisément à l’animal vu et à la pathologie », précise Cindy JOUVE.

Enfin, elles peuvent être utiles dans quelques domaines où la chimie trouve ses limites, tels que le soutien de la fonction hépatique ou de la fonction rénale où des traitements en phytothérapie ou en aromathérapie peuvent stimuler la fonction hépatique ou avoir un effet détoxifiant.

Quelles en sont les indications ou les contre-indications ?

Les médecines complémentaires peuvent être utilisées pour répondre à de nombreuses pathologies, qu’elles soient digestives, respiratoires ou métaboliques – comme pour l’acétonémie, mais beaucoup moins bien pour la fièvre de lait qui provient d’un déficit en calcium – pour les traumatismes (coups, arthrose…), les métrites, ou les pathologies infectieuses du pied telles que le panaris. Les mammites peuvent se traiter, avec précautions, avec des huiles essentielles mais la réussite du traitement dépend de la capacité à cibler l’origine de la mammite et sa durée (aiguë ou chronique).

La phytothérapie sera plutôt utilisée pour stimuler l’immunité et les huiles essentielles présentent chacune des propriétés bien définies : anti infectieuses, anti virales, anti-bactériennes, anti parasites…

Il n’existe pas vraiment de contre-indication à l’usage de ce type de médecine. Il s’agit surtout de faire preuve de bon sens : on ne s’en servira bien évidemment pas si la chirurgie est requise (déplacement de caillette…). Et sur certaines situations, le traitement ne marchera que s’il est appliqué au tout début de la pathologie. C’est le cas pour les diarrhées des veaux où l’aromathérapie fonctionne tant qu’il n’y a pas de déshydratation.

Un cadre réglementaire particulier et des précautions à connaître

Si vous pensiez pouvoir cueillir des plantes fraiches et les utiliser pour soigner vos vaches après prescription de votre vétérinaire, sachez que c’est interdit.

En effet, le prescripteur d’un médicament doit pouvoir garantir qu’il s’agit d’un produit efficace et de son innocuité. Les matières premières utilisées pour les préparations magistrales doivent donc avoir subi des analyses et les seules plantes accessibles le sont sous forme de poudres, teintures mères ou plantes sèches. Quant aux huiles essentielles, il faut avoir conscience qu’il s’agit de composés très concentrés dont certaines familles sont toxiques pour le foie, cancérigènes ou abortives et dont la durée d’utilisation doit être limitée. Les phénols et les aldéhydes par exemple sont dermo-caustiques.

« Le nom de médecine douce n’est pas adapté à ces médecines qui ne sont ni pas efficace, ni pas toxique ! »

Utilisées pour des animaux de production, les plantes doivent être inscrites au tableau 1 des Limites Maximales de Résidu, ce qui détermine les délais d’attente (viande – lait). Il n’y a aujourd’hui que 120 plantes qui y sont inscrites et environ 50 avec des restrictions d’usage, et 21 huiles essentielles.

En pratique pour toutes les autres, malgré des notes de l’ANSES en faveur d’un délai d’attente nul et sans texte officiel, c’est le délai forfaitaire qui s’applique : 7 jours en lait et 28 jours en viande.

Quelques conseils pour finir

Le Docteur JOUVE invite les éleveurs à ne pas hésiter à se former aux médecines complémentaires afin de mieux en comprendre les mécanismes et d’échanger entre eux les expériences réussies mais également les « plus ou moins grosses bêtises » faites en expérimentant une pratique pas toujours bien connue de tous les vétérinaires.

Attention également à choisir des circuits de distribution sécurisés et à ne pas acheter n’importe quoi en sélectionnant les produits seulement à partir du prix, du conditionnement ou des conditions de livraison.

Hormis pour l’homéopathie, l’usage de ce type de médecine ne coûte pas forcément moins cher qu’un traitement classique. En aroma et en phytothérapie, les prix peuvent en effet être très variables, et parfois élevés,++ du fait de rendements différents d’une plante à l’autre ou de la rareté de certaines plantes…

Enfin, s’il est intéressant de penser à ces médecines, pour qu’elles soient efficaces, comme en médecine traditionnelle, il est avant tout nécessaire de bien respecter les règles de base en alimentation, logement et hygiène.