MB 2021 : quelles différences pour les systèmes Bio

MB 2021 : quelles différences pour les systèmes Bio

Avenir Conseil Élevage a calculé 289 Marges Brutes pour la campagne 2020-2021. Pour rappel, chaque exploitation est caractérisée selon la proportion de surface en herbe (STH) de système fourrager, sa labellisation Bio ou encore son équipement de traite robotisée :

  • Système n°1 : à dominante maïs avec moins de 40% de STH dans la surface fourragère corrigée
  • Système n°2 : intermédiaire avec 40 à 60% de STH
  • Système n°3 : à dominante herbe (+ 60% STH) avec maïs
  • Système Bio : élevage en Agriculture Biologique*
  • Système Robot

*résultats provenant du partenariat entre Bio en Hauts-de-France, la Chambre d’Agriculture Nord-Pas de Calais et Avenir Conseil Élevage dans le cadre du Plan Bio Avesnois financé par l’Agence de l’Eau Artois Picardie et animé par le Parc Naturel Régional de l’Avesnois,

Les résultats Bio présentés dans cette synthèse sont calculés à partir de 37 élevages (18 “100% herbe” et 19 avec d’autres cultures dans la SFP). Ils seront comparés aux résultats des élevages en système 3.

Hélène Berlemont et Geoffrey Watté, tous deux conseillers spécialisés Technico-économique, évoquent quelques-uns des faits marquants dans cette vidéo. La synthèse écrite qui la suit vous offre une vision plus complète.

La Marge Brute par hectare

La Marge Brute par hectare traduit l’efficacité du troupeau dans la production laitière (MB/1 000 litres) et dans la valorisation des surfaces fourragères. Dans les deux cas, nous constatons une baisse de la MB/ha par rapport à la campagne précédente. L’épisode de chaleur et de sécheresse de l’été 2020 est en grande partie responsable de cette tendance. Concrètement, par rapport à la campagne précédente, la production par hectare est inférieure de 1000 litres dans les systèmes Conventionnels et de 720 litres dans les systèmes Bio.

Le lait/ha est lié au chargement, au niveau de production de lait par VL et au pourcentage de VL dans l’atelier lait. La campagne 2020-2021 est marquée par une baisse du chargement (-0,24 UGB/ha pour les Conventionnels et -0,18 en Bio). Encore une fois, c’est une conséquence des conditions climatiques de l’été 2020.

Sur ce critère, les systèmes Conventionnels ont été davantage impactés. Pourtant l’effectif moyen montre qu’ils ont gardé plus de VL dans leur atelier lait. En système conventionnel, l’offre de fourrages à acheter en cas de déficit est certainement plus diversifiée et donc abordable qu’en Bio. Ces derniers font face à un marché moins développé et donc plus « tendu ». En conséquence, les élevages en AB ont une variation de chargement plus faible puisque les fourrages achetés devaient impérativement être valorisés de la meilleure manière possible !

Le lait/VL baisse de 80 litres pour les Conventionnels et de 190 litres pour la moyenne Bio. Chez la plupart des élevage Bio, les vêlages sont majoritairement répartis au printemps. Avec le ralentissement précoce de la pousse de l’herbe, l’ingestion des VL a été très vite pénalisée.

La valorisation du lait

Les systèmes Bio ont une marge aux 1000 litres plus élevée de 148 € par rapport aux conventionnels. Cet écart est essentiellement lié au prix de base du lait (142 € plus élevé en bio). Cependant, dans les deux systèmes, la baisse de marge a peu de lien avec la baisse du produit lait car celui-ci reste quasi identique d’un système à l’autre.

Côté qualité du lait, la différence des niveaux de butyriques est la plus marquante. Cela s’explique par la proportion de pâturage certainement plus importante en Bio. On limite grandement les risques de butyriques dès lors que la proportion d’aliments fermentés diminue.

Le produit viande

La vente des vaches de réforme, des vaches en lactation, des génisses, des veaux et la variation d’inventaire constituent le produit viande de l’atelier lait. Il est en moyenne supérieur de 8 €/1000 l dans les systèmes Bio, mais en le rapportant à la vache présente, il est inférieur de 72 €/VL.

En effet, à production égale, le système Bio nécessite davantage de vaches ; en moyenne une vache Bio produit 2600 litres de moins qu’en système Conventionnel. L’effectif réformé est donc plus important mais avec des poids de carcasse plus faibles, pénalisant le prix de vente. Cela s’explique en partie par le système pâturant défavorable à la finition des vaches de réforme.

Notons également qu’une partie des éleveurs inclus dans la moyenne Bio, n’est pas labelisée depuis suffisamment longtemps pour bénéficier de la plus-value bio sur la viande.

Les frais d’élevage

Au sein d’un même système, les frais d’élevage varient très peu d’une année à l’autre. Mais la comparaison entre les systèmes révèle une différence. Les systèmes Bio sont plus économes. L’utilisation réduite des antibiotiques et la conduite d’élevage (moins d’IA par exemple) expliquent ces résultats.

Les frais d’hygiène (produits de pré et post trempage, désinfectant pour les griffes, lavettes, etc.) sont quasiment identiques. Les autres frais d’élevages sont constitués des bâches, du contrôle laitier, des consommables de la machine à traire, etc.

Le coût alimentaire aux 1 000L         

En Conventionnel, le coût alimentaire augmente de 13 €/1 000 l. En Bio, cette augmentation atteint 39 €/1000 l. Cette variation est en grande partie la conséquence des achats de fourrages qui incluent une part des charges fixes du vendeur (fermages, main-d’œuvre, carburant, etc…). Ces charges ne sont pas intégrées dans le prix d’un fourrage produit sur la ferme.

Foin sous un ciel violet orange

La campagne 2020-2021 a été marquée par le déficit de fourrages. Les éleveurs en AB ont su adapter leur chargement pour limiter l’impact des achats de fourrages (rares et chers). L’adaptation a été moins marquée en conventionnel avec des recours plus fréquents aux achats extérieurs.

Certains élevages se sont appuyés sur la décapitalisation du cheptel afin de gérer au mieux les stocks. Dans ce cas, il faut désormais veiller à adapter le taux de renouvellement pour ne pas obtenir un troupeau vieillissant qui pourrait dégrader les résultats marge à l’avenir.

En Conventionnel ou en AB, c’est principalement le coût alimentaire qui fait varier les moyennes globales de cette campagne. La valorisation optimale des surfaces est toujours une piste pour améliorer les résultats et surtout apporter une marge de sécurité de plus en plus nécessaire dans les stocks, selon les conditions de production de l’année.