Marge Brute Lait : Encore une année particulière

Marge Brute Lait : Encore une année particulière

Les hausses des cours du lait et de la viande mais aussi des aliments concentrés et bien d’autres intrants ont marqué la campagne laitière 2021-2022 (du 01/04/2021 au 31/03/2022), et ces tendances impacteront aussi l’année en cours. Durant cette période, 329 éleveurs ont fait appel à Avenir Conseil Élevage pour calculer la Marge Brute de leur atelier lait afin de mesurer précisément les conséquences de ces variations.

Selon les objectifs d’analyse et de comparaisons, la Marge Brute d’un atelier lait peut être présentée de plusieurs manières. En euros par vache, le résultat mesure l’efficacité alimentaire dans un système donné. En euros par unité de main-d’œuvre, il exprime l’efficacité de la main-d’œuvre. Plus classiquement, la MB peut être affectée en euros par 1 000 litres ou par hectare de SFP. Ces indicateurs, et d’autres encore, sont tous intéressants pour étudier le fonctionnement de l’atelier, à condition de ne pas extrapoler l’analyse. De même, se focaliser sur un seul indicateur en perdant les autres de vue conduirait à oublier l’objectif principal : améliorer la marge globale de l’exploitation.

Pour y parvenir, il est nécessaire de faire progresser la marge aux 1 000 litres, qui mesure l’efficacité du système pour produire 1 000 l de lait, et le lait à l’hectare qui mesure son intensification. La combinaison des deux assure la bonne cohérence du système, appréciée avec la Marge Brute par hectare de Surface Fourragère Principale corrigée. Il est donc important de toujours remettre en perspective le résultat avec le besoin de marge globale.

240 € par 1 000 litres de MB

En moyenne, la quantité de lait livrée par exploitation, atteint 900 000 litres sur cette campagne. La tendance à l’augmentation fléchit légèrement par rapport aux années précédentes.

Pour cette campagne clôturée au 31 mars 2022, la Marge Brute moyenne calculée par Avenir Conseil Élevage s’élève à 240 €/1 000 litres tous systèmes confondus. Elle est en hausse de 34 € par rapport à la campagne précédente et il s’agit du meilleur résultat des archives informatiques d’ACE (25 années).

Les produits s’élèvent à 429 € (+ 46 €), en partie grâce au prix de vente du lait qui tire le produit lait vers le haut : 382 € (+37 € ; +11%). L’autre fraction des produits est issue de la vente de la viande, soit 47 €. L’évolution favorable des cours de la viande est le principal facteur d’explication de ce résultat en nette amélioration par rapport à la dernière campagne (+8 € ; +20%).

Produit viande de l’atelier lait

Il correspond à la somme des ventes des veaux laitiers de 15 jours (en élevage ou en cession interne au sein de l’exploitation pour un atelier d’engraissement), des femelles laitières en élevage ou pour la boucherie (génisses ou vaches) et à la variation d’inventaire.

L’évolution est moins marquée pour les charges. Elles s’élèvent à 189 €/1 000 litres et sont, elles aussi, en progression (+11 €). Le poste « frais d’élevage » évolue peu, il atteint 44 €/1 000 l. Quant aux charges alimentaires, avec 124 €, elles expliquent quasiment à elles seules l’augmentation globale des coûts. Le prix moyen du concentré atteint 411 € par tonne (+ 43 €), soit un coût de concentré de 103 €/1000 l (+15 € ; +17%).

+ 1 694 litres par hectare

Le niveau de MB par hectare est un moyen d’apprécier l’optimisation du système fourrager. Avec une moyenne de 8 562 litres de lait par vache et par an, 68% d’UGB vaches et un chargement de 2,14 UGB/ha ; le niveau de production progresse encore : + 1 694 litres par hectare de SFPc. Le niveau de production fourragère a permis, quant à lui, de reconstituer des stocks et de consommer moins d’hectares pour 100 000 l. C’est une valorisation jamais égalée depuis 1996-1997.

Finalement, la Marge Brute est de 3 046 €/ha de SFPc, soit une progression de 783 €/ha.

L’hétérogénéité des résultats s’accentue…

Avec un écart de MB de 85 €/1 000 l entre les quarts inférieur et supérieur, l’hétérogénéité des situations s’accentue et représente désormais un différentiel de 73 500 € entre élevages moyens (900 000 litres de lait).

Le poste « Alimentation » explique toujours une part importante de cet écart et notamment la quantité de concentrés distribués. Très souvent, la maîtrise de ce poste passe par l’amélioration de la valorisation des fourrages : des récoltes de qualité en quantité suffisante réduisent le recours aux concentrés.

Toutefois, le poste « Alimentation » n’explique pas à lui seul l’écart des résultats, il est même parfois un facteur secondaire. L’autre véritable origine des écarts de résultats MB réside dans le fonctionnement du troupeau. La mortalité cache souvent un problème sanitaire, de saturation des moyens de production, de compétences techniques ou de manque de vision personnelle et professionnelle (objectifs bien définis, feuille de route…). Avec 11 € d’écart entre les quarts inférieur et supérieur, le produit viande de l’atelier lait est trop souvent mis au second plan. Or, c’est un bon indicateur de l’état de fonctionnement global du troupeau. En effet, un bon produit viande est synonyme d’une bonne gestion de la reproduction autorisant un renouvellement largement suffisant, ainsi que le maintien de la productivité du troupeau avec une efficacité alimentaire et une qualité du lait satisfaisantes.

Une reproduction et une gestion de la mortalité maitrisées constituent une base technique solide favorable à un résultat économique fructueux.

Le prix du lait détermine seulement la tendance du niveau moyen de Marge Brute d’une campagne à l’autre mais la disparité des résultats demeure toujours du même ordre. Il est donc impératif de connaitre ses chiffres quel que soit le contexte pour que l’élevage garantisse dans tous les cas un niveau d’EBE suffisant aux besoins : rembourser, investir, sécuriser et vivre !

Si vous aussi, vous souhaitez aller plus loin dans l’analyse de vos résultats, l’ensemble des conseillers d’Avenir Conseil Élevage est à votre disposition.