L’eau : aliment essentiel en élevage laitier

L’eau : aliment essentiel en élevage laitier

Le 07 juillet 2020 | de Dominique Manneville |

Lorsque la température monte, les animaux, comme les hommes, souffrent et notamment les vaches en lactation qui ont des besoins en eau élevés. Selon l’humidité ambiante, elles entrent en stress thermique lorsque la température dépasse les 22-25°C. Ce qui est certain, c’est qu’à partir de ces températures les animaux transpirent davantage et leurs besoins en eau peuvent alors plus que doubler. Veiller à la bonne hydratation du troupeau est crucial en cas de fortes chaleurs mais aussi tout au long de l’année !

Avec la chaleur, l’ingestion des vaches diminue ce qui peut générer une baisse de l’apport énergétique et une déstabilisation du rumen entraînant une baisse des taux mais aussi du niveau de production global. Les vaches en début de lactation sont particulièrement impactées puisque la chaleur rend plus difficile la mobilisation des réserves adipeuses. Le stress thermique a également des conséquences sur la reproduction, la qualité du lait, les boiteries… Bref, c’est une situation à ne pas négliger.

L'indice (ITH) permet d'apprécier des situations climatiques ou de logement à risque.
L'indice (ITH) permet d'apprécier des situations climatiques ou de logement à risque.

Source : Stress thermique, Ministère de l'Agriculture de l'Ontario

Quelle quantité d’eau prévoir ?

La température extérieure influence le besoin en eau des animaux, mais ce n’est pas le seul facteur. La ration et le niveau de production sont également des sources de variation de celui-ci. Très logiquement, plus la ration a un taux de MS élevé et plus la vache produit, plus le besoin en eau est élevé. À 15°C, il faut à une vache en lactation de 4,5 à 5,5 litres d’eau par kg de MS ingérée. Ce repère est à augmenter de 30, 50 et 100% respectivement pour des températures de 20, 25 et 30°C. Ainsi, la capacité d’approvisionnement des points d’eau doit pouvoir supporter de telles variations pour l’ensemble de troupeau. On voit que pour un troupeau de 80 vaches, les volumes peuvent être impressionnants !

Consommation d’eau (L/j) chez les vaches laitières en fonction de leur production :
Consommation d’eau (L/j) chez les vaches laitières en fonction de leur production -

Source : État des lieux des pratiques et recommandations relatives à la qualité sanitaire de l’eau d’abreuvement des animaux d’élevage - ANSES - 2010

Une vache boit environ 15 litres par minute

En bâtiment, elle se rend à un point d’eau 6 ou 7 fois par jour. Le point d’eau en sortie de traite est bien le plus important ! A ce moment, la vache va chercher métaboliquement à retrouver son « poids d’avant la traite ».  De plus, si à cet endroit précisément, la température de l’eau de boisson se rapproche de la température corporelle de l’animal, la prise sera optimisée par rapport à une eau trop fraîche. 

La distribution de la ration provoque généralement un pic de consommation d’eau. Il est donc judicieux de positionner des abreuvoirs non loin de la table d’alimentation et dans un passage central fréquenté mais en évitant que cela perturbe la circulation des animaux. Concrètement, il faut au minimum un point d’eau pour 20 vaches en aire paillée et pour 10 vaches en logettes. Enfin, les contenances moyennes sont à privilégier afin de renouveler l’eau fréquemment et faciliter le nettoyage sans gaspillage.

En pâture, la distance à parcourir pour atteindre le point d’abreuvement ne doit pas excéder 200 m. Au-delà, les animaux viendront moins souvent et uniquement en groupe, avec le risque pour les vaches dominées de ne pas recevoir la quantité suffisante pour leurs besoins. Le débit d’eau doit être en mesure de fournir la moitié de la consommation quotidienne du lot en 10 minutes.

bac eau pâture

La qualité de l’eau de boisson

Il n’existe pas de normes en matière de qualité de l’eau de boisson pour les animaux. En revanche, il convient de respecter quelques recommandations. Un nettoyage hebdomadaire permet de maintenir les bacs ou abreuvoirs propres. La présence de bouse (à partir de 2,5 g/litre !) dans l’eau freine rapidement sa consommation. De même, il faut éviter les eaux stagnantes dans lesquelles prolifèrent germes et larves. Dans le cas d’un forage ou d’un puit, il est recommandé de réaliser une analyse pour toute nouvelle source d’abreuvement. Il est aussi intéressant d’analyser la qualité de l’eau des abreuvoirs en été, même s’il s’agit de l’eau du réseau.

Sans lister l’ensemble des paramètres chimiques et organiques de l’eau, voici quelques repères utiles à son utilisation pour l’abreuvement des vaches.

Une forte teneur en nitrate peut altérer la croissance des animaux et entraîner des problèmes respiratoires et digestifs. Celle-ci ne devrait pas excéder 50 mg/l, mais peut être acceptable si elle ne dépasse pas 100 mg/l (seuil de pollution à déclarer à la préfecture). La présence de nitrite (0,1 mg/l) est davantage problématique pour la santé animale (oxydation du fer dans le sang). Enfin, une eau « ferreuse », est un facteur de risque de l’hémochromatose. Le fer s’accumule dans les organes et les tissus et peut occasionner des problèmes de foie et des douleurs articulaires. Le fer altère également le goût de l’eau, sa turbidité, sa couleur et se dépose dans les canalisations.

Au niveau bactériologique, la présence de germes en excès est un facteur de risque d’affections variées (mammites, métrites, avortements, diarrhées, panaris, boiteries, abcès sur veaux…), mais rarement la seule cause. C’est aussi un tremplin pour d’autres zoonoses (salmonellose, botulisme, brucellose, colibacillose, …).