Hivernales 2020 - le salariat pour s’ouvrir et respirer

Hivernales 2020 - le salariat pour s’ouvrir et respirer

La main-d’œuvre est devenue en quelques années une préoccupation vitale pour beaucoup d’élevages laitiers. En parallèle de la nécessité de faire face au volume de travail à réaliser cet aspect « quantitatif », les éleveurs sont aussi à la recherche d’une meilleure qualité de vie. Les Hivernales 2020 d’Avenir Conseil Elevage abordent cette thématique en proposant, entre autres, le témoignage de 4 éleveurs avec chacun des solutions bien différentes. L’embauche de salariés est l’une des pistes évoquées.

  • Jean-Michel Fournier (38 ans) et 3 salariés : Jade, Lesly et Louis
  • 3,8 UTH dont 2,8 salariées
  • Installation avec ses parents en 2013 après une expérience de 8 ans dans le commercial, en individuel aujourd’hui
  • 1 300 000 litres de lait
  • 140 vl
  • 156 ha (1/3 prairies, 1/3 maïs, 1/3 céréales)
  • Délégation de l’ensemble des travaux de plaine depuis 20 ans
  • Logettes paillées
  • Salle de traite 2×8

A Bethencourt sur Mer, dans la Somme, Jean-Michel Fournier a fait le choix de recruter pour faire face à la charge de travail. Au moment de son installation en Gaec avec ses parents en 2013 , la structure comptait déjà un salarié. Son départ en 2017, puis la retraite de ses parents en 2018 et 2019 ont conduit Jean-Michel à réfléchir sur les orientations à prendre en matière de charge de travail et de main-d’œuvre disponible. « Mon objectif a toujours été de conserver l’atelier lait, j’ai rapidement écarté la possibilité de m’associer avec quelqu’un d’autre. Avec mes parents cela s’est très bien passé parce qu’on avait la même vision, retrouver quelqu’un qui soit complémentaire et en accord avec ma vision me paraissait compliqué et j’avais envie de conserver la prise de décision sur mon exploitation. »

Deuxième piste envisagée : la robotisation. A ce propos, Jean Michel précise « le coût de deux robots et leur maintenance est sensiblement équivalent à l’embauche d’un salarié. La différence, selon moi, est qu’un salarié est plus polyvalent. »  De plus, travailler avec un salarié apporte une certaine souplesse permettant à l’éleveur de s’absenter plus facilement à des fins professionnelle (réunions, formations, engagements…) et privée.

Savoir recruter

Recruter n’est pas chose aisée, d’autant plus que ce n’est pas un exercice courant pour un agriculteur. La première étape a consisté à rédiger l’annonce : « Sur l’annonce, je n’ai pas indiqué de niveau d’expérience pour ne pas freiner les candidatures, et à la réflexion je crois que c’est plus simple d’accueillir un salarié inexpérimenté pour le former à mon mode de fonctionnement. ». L’offre a été diffusée sur des sites de petites annonces, par des partenaires et les écoles agricoles à proximité.

JMFOURNIER
Un bon salarié fait un patron satisfait, mais sans bons patrons pas de bons salariés !

Après un entretien d’embauche, l’éleveur invite le salarié à participer à une journée de découverte. Cette initiative permet aux deux parties de se faire une idée plus précise avant de s’engager. L’éleveur peut évaluer la motivation du candidat et ses capacités. Et le candidat peut percevoir si son futur quotidien correspond à ses aspirations.

Veiller au confort des salariés

Outils de travail adaptés et en bon état et conditions d’accueil confortables sont les deux premiers ingrédients du bien-être des salariés. « Je fais attention à ne pas leur réserver que les tâches ingrates et à leur fournir du matériel fonctionnel. J’ai aussi fait de petits aménagements comme un parking pour garer les voitures ou un vestiaire, et prochainement je souhaite créer un espace pour qu’ils puissent se retrouver pour déjeuner. »

Veiller à communiquer et impliquer

Le management est avant tout une histoire de communication et d’implication des salariés. « Tous les matins, après la traite, nous prenons un café ensemble. C’est l’occasion d’échanger sur le travail, mais aussi de discuter d’autre chose pour mieux se connaitre et instaurer un climat de confiance entre nous. En complément, nous nous retrouvons toujours en fin de semaine, avant le week-end, pour planifier les événements importants de la semaine suivante ». Ce mode de fonctionnement permet à chacun d’être informé, de s’exprimer et finalement de se sentir impliqué dans son travail. « Je n’hésite pas à leur demander leur avis, même si à la fin c’est moi qui suis seul à décider. Par exemple, j’ai récemment changé le télescopique. Après avoir sélectionner un modèle, j’ai demandé à Louis, qui s’en sert régulièrement, d’aller voir le matériel sur une foire agricole pour qu’il me donne son avis. J’ai aussi mis à leur disposition l’application Synel sur leur téléphone. Ils ne peuvent pas enregistrer, mais ils peuvent consulter les dates de vêlages et toutes les autres informations du troupeau ».

La polyvalence demande de l’organisation

La polyvalence est un des intérêts de l’embauche de salariés pour Jean-Michel Fournier. Chacun doit pouvoir remplacer l’autre. Pour y parvenir, l’éleveur a mis en place plusieurs tableaux d’informations évolutifs où sont renseignés par exemple le plan de lactation des veaux, les rations… Cela permet de passer les consignes rapidement tout en minimisant le risque d’erreur.

Veiller à FORMER

Si embaucher un candidat inexpérimenté présente l’avantage de le manager plus facilement, il faut cependant prendre le temps de le former. Pour cela l’éleveur n’hésite pas à faire participer les salariés à des échanges techniques, « Récemment, Avenir Conseil Elevage est intervenu pour réaliser une assistance traite. J’ai souhaité la présence de tout le monde pour que chacun comprenne l’intérêt de la technique qui sera mise en place ».

« Un bon salarié fait un patron satisfait, mais sans bons patrons pas de bons salariés ! » conclut Jean-Michel. Cette formule démontre à quel point le salariat peut être une réelle source de bien être pour l’éleveur mais que cette solution demande implication et compétences. Pour cela des formations existent, n’hésitez pas à vous renseigner auprès de vos partenaires.