Fertilisants organiques et engrais minéraux : faites un choix éclairé !

Fertilisants organiques et engrais minéraux : faites un choix éclairé !

Le contexte actuel d’approvisionnement des engrais minéraux va avoir un impact sur les coûts de production. Il redonne aussi de la valeur aux engrais organiques de ferme. Véritables engrais et amendements, ils sont à valoriser pleinement afin d’optimiser le recours à la fertilisation minérale.

L’effet des éléments fertilisants contenus dans les engrais de ferme varie selon leurs teneurs et leurs formes. Pour chaque élément fertilisant, le coefficient d’équivalence minérale (CEM) définit l’efficacité de l’engrais organique par rapport à un engrais minéral de référence tel que l’ammonitrate pour l’azote. Plus l’engrais de ferme contient l’élément fertilisant sous la même forme que l’engrais minéral, plus le coefficient est élevé. Il dépend aussi de la culture réceptrice, de la période d’apport, et s’il est enfoui ou non. En appliquant ces coefficients à la dose épandue, vous obtenez la fourniture réelle en éléments fertilisants à la culture.

Flambée du prix des engrais !

Compte-tenu du procédé de fabrication des engrais minéraux azotés, si les cours du gaz naturel se maintiennent à un niveau élevé, il est très probable que le contexte tendu des engrais minéraux perdure. Aujourd’hui, il existe bien un risque à attendre pour assurer ses premières couvertures d’engrais azotés. Il faudrait veiller à garantir au minimum les premières applications azotées. D’un autre côté, l’agriculteur qui achète des engrais à des niveaux de prix élevés peut assurer ses marges en optant pour la vente d’une partie de sa récolte 2022.

Les analyses réalisées par le service environnement d’ACE confirment que les différentes pratiques d’élevage et de stockage engendrent une variabilité dans la composition des engrais de ferme. L’analyse de tous les effluents de l’élevage permet de préciser les teneurs N, P et K mais aussi les coefficients d’équivalence minérale.

Cas concret : fertiliser le maïs 

L’épandage au printemps, avant une culture de maïs, de 40 tonnes de fumier de bovins par hectare, dont les teneurs en éléments fertilisants s’élèvent après analyse à 5,5 kg/t d’azote (N) ; 3,8 kg/t de phosphore (P2O5) et 8,9 kg/t de potassium (K2O), apportera à la culture les éléments suivants :

  • 5,5 kg N/t x 0,3 (CEM) x 40 t/ha = 66 kg N/ha
  • 3,8 kg P2O5/t x 0,8 (CEM) x 40 t/ha = 121 kg P2O5/ha
  • 8,9 kg K2O/t x 1 (CEM) x 40 t/ha = 356 kg K2O/ha

Pour la culture de maïs, la fertilisation organique peut remplacer totalement les apports d’engrais minéraux phosphatés et potassiques et partiellement les fumures minérales azotées. Selon l’évolution des prix des engrais minéraux, un complément pourra éventuellement être apporté en cours de végétation au stade 3-4 feuilles.

Quel calendrier idéal ?

La bonne valorisation des engrais de ferme passe également par une adaptation des pratiques culturales en fonction de la date d’épandage, de la culture en place, de la rapidité d’incorporation, de l’implantation d’une culture piège à nitrate (CIPAN), de l’état du sol ou des conditions météo…  Afin de garantir une meilleure valorisation, il est conseillé d’apporter les engrais à « action rapide » au printemps, non seulement pour limiter les pertes d’azote dans l’environnement, mais aussi pour en maximiser l’effet.

Cas concret : quand épandre ?

L’épandage sur une culture de maïs de 20 m³ de lisier de bovins par hectare (contenant 3,4 kg N/m³), procurera des quantités d’éléments fertilisants différentes selon la période d’épandage :

  • Si l’épandage a lieu en été avant culture intermédiaire : 3,4 x 0,1 (CEM été) x 20 = 7 kg N/ha ➔ le lisier épandu apportera 7 unités d’azote/ha à la culture de maïs qui suit la culture intermédiaire.
  • Si l’épandage a lieu au printemps : 3,4 x 0,6 (CEM printemps) x 20 = 41 kg N/ha ➔ le lisier épandu apportera 41 unités d’azote/ha à la culture de maïs qui suit l’apport.

Limiter les pertes

Le choix du matériel d’épandage d’un produit organique donné permet, s’il est pertinent, non seulement d’optimiser la dose apportée et sa répartition, mais également de limiter les pertes d’éléments fertilisants dans l’environnement. La volatilisation de l’azote ammoniacal augmente avec l’exposition à l’air. Le matériel doit alors permettre d’épandre au plus près du sol afin de diminuer les pertes. En prairie, grâce aux conditions d’ombre et d’humidité offertes par la végétation, le dépôt du lisier sous le couvert limite les risques de volatilisation. En culture, il est important d’incorporer les engrais de ferme le plus rapidement possible. L’utilisation d’une rampe pendillard permet de réduire les pertes jusqu’à 50 % par rapport à une buse palette. L’incorporation directe, via des systèmes à patins ou à disques, diminue les pertes jusqu’à 85 %. Sur les terres cultivées, sans injection directe il est fortement recommandé de faire suivre un outil à dents immédiatement après l’épandage. Enfin, la technique d’épandage joue un rôle important dans la réduction des nuisances olfactives, l’incorporation rapide favorise aussi les bonnes relations avec le voisinage !

Pour un raisonnement plus complet et précis, il est également fortement recommandé de réaliser plusieurs analyses de reliquats azotés sur son exploitation afin d’intégrer les résultats au calcul de la dose à apporter.

De Novembre à mars, c’est le moment d’affiner sa stratégie de fertilisation

L’utilisation et la valorisation des engrais de ferme constituent un des liens directs entre l’élevage et les productions végétales. Avenir Conseil Élevage vous propose de vous accompagner dans les calculs des besoins de vos cultures et les options possibles pour compléter les apports organiques en recherchant la meilleure efficacité au meilleur coût.

Jean-Guy Siraux, Conseiller Fertilisation à Avenir Conseil Elevage