Des fourrages de qualité plutôt que des concentrés chers

Des fourrages de qualité plutôt que des concentrés chers

La qualité des fourrages récoltés est vitale pour limiter les achats d’aliments extérieurs et ainsi maitriser les couts de production des élevages. Sébastien Banse, éleveur laitier à Catillon-sur-Sambre, y attache une attention toute particulière. Il met tout en œuvre de la fertilisation à l’alimentation du troupeau en passant par la conservation, pour valoriser ses fourrages.

Herbe pâturée, ensilée, enrubannée, luzerne, maïs, la constitution de la surface fourragère de la ferme de Sébastien Banse est représentative de notre Région. Pour en tirer le meilleur, il a fait évoluer quelques-unes de ses pratiques et notamment la fertilisation des surfaces en herbe. Depuis deux années, le premier apport d’azote est plus précoce, l’éleveur surveille les sommes de température pour le déclencher. A 200°C, soit au 20 février en 2020, et si le sol est suffisamment portant (c’est le cas depuis 2 ans), Sébastien apporte 80 unités d’azote. Sur les prairies de fauche, cet apport minéral est complété par environ 40 m3 de lisier au début du mois de mars. Auparavant, les apports étaient plus tardifs et moins conséquents (environ 50 unités d’azote).

Pour Adrien Maës, conseiller ACE référent de l’élevage de Sébastien Banse, cette conduite plus précoce permet un meilleur démarrage et donc une première coupe plus précoce qui laissera toutes ses chances à une seconde récolte avant l’arrêt de la pousse en été.

  • Main d’œuvre : Sébastien Banse et un salarié à temps-plein.
  • Troupeau : 90 vaches présentes et deux lots pendant l’hiver (du 15 octobre à la mise à l’herbe)
  • SFP : 56 ha de prairies permanentes, 15 ha de maïs ensilage + 8 ha achetés sur pied tous les ans, 2,6 ha de luzerne
  • Viande : une vingtaine de bœufs laitiers valorisent des prairies éloignées

Une récolte soignée jusqu’à la couverture du silo

En 2020, année particulièrement chaude, 28 ha ont été fauchés à la fin avril selon un protocole strict : fauche à partir de 11h en fin de matinée, fanage à J+1, andainage à J+2 et enfin ensilage à J+3. Selon le cubage du silo réalisé par Adrien, le rendement 2020 de cette première coupe était de 2,5 TMS par ha à 35% MS. Un apport de 60 unités relance la pousse sur 13 ha pour une deuxième récolte à la mi-juin pour un rendement de 1,5 TMS en 2020.

Sébastien Banse utilise systématiquement un conservateur à la récolte. Il apporte un soin particulier à la constitution des silos en plaçant un sous-film, une bâche de bonne qualité et un bon lestage. Avec ces pratiques, le « risque butyrique » est très faible et la qualité est préservée sans perte de stock.

Les analyses des fourrages sont essentielles pour les valoriser pleinement, Adrien et Sébastien s’appuient sur elles pour adapter le rationnement et le bilan fourrager.

Ensilage d’herbe 2020Enrubanné de luzerne 2020
UFL0,950,81
PDIN106112
PDIE8157
PDIA3419
MAT18,119,0
NDF476451
CB243300

Enfin, Adrien et Sébastien réalisent un bilan fourrager complet après les ensilages d’herbe et de maïs et le mettent à jour très régulièrement pour anticiper tout risque de déficit.

En travaillant avec son conseiller sur la qualité des fourrages et particulièrement sur la qualité de l’herbe, Sébastien Banse est parvenu à améliorer le coût alimentaire sans pénaliser le niveau de production.

Le fait d’avoir un ensilage d’herbe « concentré » avec de bonnes valeurs me permet de me passer de concentré énergétique après 6 mois pour les génisses tout en ayant un objectif de vêlage 24 mois. En ce qui concerne la luzerne, elle est intéressante pour la protéine et en année séchante, je récolte tous les ans environ 10 à 11 TMS par ha. Avec Adrien nous veillons juste à ne pas pénaliser la concentration énergétique de la ration, d’autant que la luzerne est destinée au lot des fraiches vêlées.

Sébastien Banse

Avec la meilleure qualité des fourrages, nous avons pu diminuer les quantités de concentrés distribuées. Sur l’hiver 2020-2021, cela représente 500 g de correcteur par vache et par jour de moins que l’hiver précédent. Soit sur 6 mois, une économie de plus de 8 tonnes (0,5 kg x 180 jours x 90 vaches) ou près de 3000 € en faisant confiance au potentiel des fourrages et en travaillant sur leur qualité.

Adrien Maës