Une ration toujours suffisante ?

Une alimentation variée et équilibrée suffit généralement à couvrir les besoins des vaches en lactation. Pour minimiser les risques sanitaires ou rétablir un déséquilibre ou encore faire face à un fort besoin nutritionnel les éleveurs peuvent être amenés à intégrer des compléments ou des additifs alimentaires.

Avant d’évoquer les intérêts et l’utilisation des compléments et des additifs alimentaires, il est primordial de veiller au respect des principes fondamentaux de la conduite alimentaire d’un troupeau évoqués ci-après.

L’eau est le premier ingrédient de la ration ! Les besoins en eau d’une vache en lactation sont estimés à 5 litres pour produire un litre de lait ! L’accès aux abreuvoirs est donc primordial. Concrètement, il faut viser 16 cm d’abreuvoir par vache et qu’elle n’ait pas plus de 15 m à parcourir pour s’abreuver. Le débit (7 à 8 litres par minute) et la qualité de l’eau doivent être régulièrement vérifiés (une analyse par an).

Le niveau d’ingestion est intimement lié à qualité des fourrages. La richesse nutritionnelle d’un fourrage pourrait être exprimée en UFL/UEL, soit la quantité d’énergie contenue dans une unité d’encombrement. Les fourrages 2024, généralement plus fibreux que la normale, pénalisent l’ingestion des animaux.

Le respect des équilibres alimentaires réduit l’incidence des maladies métaboliques. Pour s’assurer de la bonne santé du troupeau et prévenir les risques de sub-acidose ou d’acétonémie, les analyses individuelles de lait fournissent de précieux indicateurs : niveau de TB, rapport TB/TP, dosage acides gras, corps cétoniques…

Enfin, le bien-être et le confort des animaux sont des points extrêmement importants. Le confort thermique doit y être intégré. Pour le mesurer, le THI, index combinant température et humidité relative, est intéressant pour anticiper l’inconfort estival et apporter des adaptations aux bâtiments d’élevage.

Choisir entre un bâtiment adapté aux fortes chaleurs ou apporter un additif pour réduire les conséquences du mal-être thermique illustre l’importance de respecter ces quelques principes fondamentaux.

Une période particulière

Pendant la période qui précède et qui suit le vêlage, la vache est plus sensible aux écarts alimentaires. La fréquence des pathologies telles que les boiteries, les mammites, les métrites, les problèmes métaboliques… est très nettement augmentée pendant le premier mois de lactation. Et, leur origine provient souvent de la préparation au vêlage.

C’est donc autour du vêlage que chaque détail compte et que les compléments alimentaires peuvent être des « coups de pouce » à envisager.

Qu’est-ce qu’un complément alimentaire ?

Pour simplifier, un complément alimentaire correspond à un apport supplémentaire d’éléments déjà présents dans la ration. Un additif permet d’intégrer un élément précis à la ration. Il peut s’agir de minéraux, d’oligo-éléments, de vitamines, d’acides aminés, d’enzymes, de levures, d’argile, d’antioxydants… Dans la plupart des cas ils ont pour objectif d’améliorer la couverture des besoins alimentaires de l’animal

Attention, ces produits ne sont pas anodins, une prise excessive de certains compléments peut entrainer des surdosages nocifs. L’utilisation d’un additif doit être justifié par des analyses de la ration ou par une réflexion globale de la conduite du troupeau avec l’aide d’un spécialiste.

Quels objectifs ?

Les compléments et additifs peuvent être utiliser pour sécuriser, booster, nettoyer, inhiber, corriger, consolider ou encore compenser.

Sécuriser une ration face au risque d’acidose avec des levures vivantes, du bicarbonate de sodium, du carbonate de potassium, ou encore avec l’apport de malate selon le niveau de risque… pour chacun de ces compléments, la quantité à apporter dépend de la ration. L’objectif est d’obtenir une BACA (Balance Anions Cations) comprise entre +250 et +350 en respectant les équilibres minéraux.

Booster la flore ruminale en complémentant la ration avec des levures vivantes, des enzymes… . La souche de levure la plus connue pour son efficacité est la SC47 prescrite à 50 milliards/VL/Jour.

Nettoyer le foie en complémentant avec un hépato-protecteur (Méthionine, choline, Bétaïne). La dose minimale pour une certaine efficacité est de 20 g de matière active (Méthio et choline additionnés) par vache et par jour.

Inhiber les mycotoxines d’un fourrage contaminé grâce à un apport de parois de levures, d’argile, de charbons ou encore d’enzymes. Attention, une analyse spécifique des fourrages est nécessaire pour déterminer la présence de mycotoxines. Ensuite, selon le degré de contamination et le produit utilisé, un apport de 50 à 150 g de ces capteurs est efficace (attention un sous-dosage n’apporte aucun résultat).

Corriger un déficit en acides aminés grâce à la Méthionine protégée par exemple. L’apport de l’équivalent de 2,4% des PDI en Méthionine ou de 7% des PDI en lysine peut être utile à l’optimisation des performances des vaches laitières.

Consolider les défenses immunitaires en complémentant en oligos et vitamines (vit E et sélénium notamment). Pour ces éléments, il faut raisonner au cas par cas en étudiant la ration du troupeau. Les carences pénalisent la santé des animaux mais les excès sont dangereux.

Compenser les pertes de minéraux lors de stress thermique en complémentant en carbonate de potassium, en bicarbonate de sodium ou autres éléments pour maintenir l’équilibre électrolytique des animaux. Mais il est préférable de limiter l’inconfort thermique avec des aménagements de bâtiments.

Il existe de nombreux autres types de compléments alimentaires qui présentent des intérêts pour la santé des animaux. Pour déterminer si l’apport en vaut la peine, il est nécessaire de se baser sur des données issues de mesures, d’analyses et de contrôles. Par exemple, la mesure du pH urinaire valide ou non la bonne acidification du rumen avant d’agir sur la BACA de la ration. Dans tous les cas, un complément ou un additif sera toujours moins utile qu’un fourrage de qualité, mais ils sont des solutions à connaitre pour faire face à des problématiques ponctuelles.

Benoit Verriele
Conseiller nutritionniste
d’Avenir Conseil Élevage

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