Avec une moyenne de la Marge Brute équivalente au prix moyen perçu en 2016, la campagne laitière 2022-2023 offre une respiration plus que nécessaire à la filière laitière (A lire : Enfin un juste niveau de Marge Brute lait !). Pour aller plus loin dans l’analyse des résultats, voici la tendance que nous observons sur 3 indicateurs. N’oublions pas que l’objectif économique essentiel, et cela quel que soit l’indicateur choisi, reste de répondre au besoin de marge globale de l’exploitation.
Pour être significative et comparable, la MB lait est exprimée selon une unité de référence. Il peut s’agir d’un litrage ou d’une vache qui mesure l’efficacité de production du système ou d’une surface qui mesure l’intensification de l’atelier. L’analyse combinée de plusieurs indicateurs permet de mesurer la cohérence du système.
301 €/1000 litres de lait
Par rapport à l’an dernier, la valorisation du produit lait progresse de 23% et le produit viande de l’ordre de 30%. Globalement, le produit de l’atelier lait progresse de 100 €/1 000 litres et s’établit à 530 €/1 000 l. Dans le même temps, le poste « charges » augmente de 21% et représente 229 €/1 000 l. Cette tendance résulte uniquement de l’évolution du coût alimentaire (185 €/1 000 l) puisque les frais d’élevage restent stables par rapport à l’an passé.
2 621 € par vache
En moyenne, la productivité par vache gagne 146 litres. En combinaison avec les évolutions évoquées précédemment, elle affiche une évolution positive de 27%. A tout système équivalent, une vache produit une MB de 2 621 € soit 566 € de plus par rapport à la campagne 2021-2022. Cette donnée fournit un ordre d’idée de la marge brute globale que devrait dégager un troupeau.
3 377€/ha de SFPc
La Surface Fourragère Principale corrigée correspond à la SFP de l’atelier lait à laquelle sont ajoutés les surfaces extérieures et les achats de concentrés et de coproduits énergétiques. La MB lait par hectare de SFPc progresse également mais dans une proportion plus mesurée. Avec 3 377 €/ha de SFPc, le résultat 2022-2023 est 10,8% supérieur à celui de l’an dernier. La production fourragère de l’année 2022 a pénalisé la capacité de chargement de l’ensemble des systèmes. En effet, un hectare de SFPc permettait de nourrir 2,14 vaches lors de la campagne précédente contre 1,85 vache cette année. Les systèmes herbagers (60 à 85% herbe) ont été les plus pénalisés. « Pour faire simple, le résultat moyen (3 377€/ha de SFPc) correspond à la moyenne du quart supérieur des systèmes herbagers, à la moyenne des systèmes mixtes (40 à 60% d’herbe) et à une « petite » moyenne des systèmes maïs, dont le ¼ supérieur a même une MB proche de la barre des 5 000 €/ha de SFPc, redonnant ainsi des arguments économiques à la production laitière dans les zones de cultures industrielles », précise Dominique Manneville, conseiller expert économique d’ACE.
Néanmoins, attention aux effets à long terme. Les systèmes davantage tournés vers l’herbe ont subi immédiatement le déficit de rendement alors que les silos de maïs se sont vidés après la clôture de la campagne. Certains élevages pourraient donc ressentir des conséquences sur la campagne en cours si la jonction avec les ensilages en cours ou à venir n’a pas pu être assurée cet été.
Dans tous les cas, les aléas d’approvisionnement fourragers doivent inciter à allonger les stocks. L’été 2023, certes chaotique pour les moissons, est une opportunité à saisir pour constituer ou reconstituer un matelas suffisant.