Peser les veaux, c’est assurer l’avenir.

Peser les veaux, c’est assurer l’avenir.

Il est naturel pour les éleveurs laitiers de mesurer les performances des vaches en lactation. En revanche, la mesure des croissances des génisses est encore peu répandue ou parfois réalisée moins consciencieusement. Pourtant, l’élevage des jeunes animaux est perçu comme un poste de charges important par les éleveurs. Être en mesure de comparer les croissances à des références devrait être un préalable non discutable pour adapter la conduite afin d’atteindre les objectifs fixés. A défaut, l’œil de l’éleveur peut-il se substituer au verdict de la balance pour agir et ne pas subir ?

Pourquoi peser

Inutile de discuter ! La phase 0 à 6 mois des génisses est déterminante dans la préparation de l’animal au premier vêlage et à la suite de sa carrière laitière. C’est pendant cette période que la génisse va développer sa carcasse pour atteindre les 200 kg à 6 mois préconisés, et cela, quel que soit l’objectif d’âge au vêlage. Un éventuel rattrapage postérieur engendre irrémédiablement un engraissement préjudiciable. Ainsi, la mise en place de pesées régulières est un moyen efficace de suivi afin de maîtriser à moyen terme les phases clés (phase lactée, sevrage et post-sevrage) de l’atelier génisses de l’élevage.

Comment peser ?

Définir le poids d’un animal à l’œil est loin d’être fiable. Plusieurs outils permettent de mesurer ce poids, avec plus ou moins de précision et de facilité d’utilisation.

Le plus simple de tous les outils à disposition des éleveurs est le ruban barymétrique. Très léger et maniable, le ruban est peu cher et son utilisation est très simple. Il suffit, par exemple, de bloquer le veau au cornadis pour l’utiliser. Attention tout de même aux coups de pattes ! La précision du résultat est inversement proportionnelle à l’âge. En effet, les études montrent que la marge d’erreur augmente avec l’âge de l’animal. Elle peut atteindre des niveaux significatifs : plus ou moins 40 kg à 6 mois selon IDELE !

Plus chère, la bascule est l’outil de précision par excellence, à condition bien entendu, de la contrôler régulièrement. Elle offre aussi une grande sécurité dans la manipulation des animaux. Notamment lors de leur première pesée où les animaux peuvent être réfractaires. Bien souvent, ils s’habituent ensuite à l’exercice et deviennent plus dociles lors des passages en bascule.

Encore à l’état de projet, l’outil « Phéno3D » pourra répondre aussi aux attentes de la pesée. Il consiste à utiliser des imageries 3D pour faire du pointage sur les animaux grâce à l’intelligence artificielle. A l’aide des images prises sur l’animal, le poids est défini par son volume et son enveloppe externe. Pour le moment, cette technologie est davantage destinée à la filière bovin viande.

La phase lactée

La phase lactée représente environ 30% de la période 0 à 6 mois. Son objectif final est d’assurer la mise en service du système digestif polygastrique du veau. Parallèlement, l’animal va rapidement doubler son poids de naissance. Pour ne pas rater ces défis, le veau doit prendre un bon départ ! Une prise suffisante de colostrum de qualité dans les 2 heures après sa naissance est idéale pour limiter les risques sanitaires. C’est à ce moment que l’absorption des anticorps par les parois intestinales du veau est maximale. De plus, le veau est dans une phase d’éveil, il est plus réactif pour boire.

Pour déterminer la qualité du colostrum le réfractomètre est l’outil le plus précis. Attention à bien l’étalonner lors de la 1ère utilisation et régulièrement par la suite. Un résultat supérieur à 24 Brix garantit la bonne concentration en immunoglobulines (IgG/L) pour le veau.

Pendant la phase lactée, la croissance moyenne doit atteindre au moins 800 g de GMQ (Gain Moyen Quotidien) pour viser les 100 kg au sevrage. Peser le veau à la naissance, et au moins une fois pendant cette période, est le seul moyen de valider à court terme l’efficacité de la conduite de la phase lactée.

Le post-sevrage jusqu’à 6 mois

Lors de la phase post-sevrage, la consommation du concentré est le point le plus important pour assurer un GMQ suffisant. La distribution de fourrages humides (enrubannage, ensilage d’herbe) est déconseillée. La capacité d’ingestion du veau est encore trop faible pour ces aliments qui limiteraient la prise de poids durant ces 4 mois. Il est donc préférable de privilégier les aliments secs pour garantir la croissance et atteindre les 850 g de GMQ de moyenne jusqu’à 6 mois.

Les récentes rencontres techniques Hivernales d’ACE ont permis de remettre en lumière l’importance des objectifs de croissance des génisses pour assurer la production laitière des prochaines campagnes. Les chiffres issus du service de pesées des génisses d’ACE démontrent que parmi les génisses qui n’atteignent pas les 200 kg à 6 mois, 1 sur 10 ne vêlera jamais et 1 sur 5 ne fera qu’un veau. Et pour terminer, la production laitière des génisses de plus de 200 kg à 6 mois est supérieure de 1,3 kg de lait par jour sur les 60 premiers jours de lactation.

Les conseillers Génisses
d’Avenir Conseil Elevage