Ensilages : une couverture pour ne pas en perdre une miette !

Ensilages : une couverture pour ne pas en perdre une miette !

10 000, 15 000 voire 20 000 €, un silo plein de fourrages représente une petite fortune. Après avoir « chouchouté » son maïs pendant 6 mois, veillé au stade de récolte ou encore après avoir bataillé pour recevoir un camion de pulpes, il est plus que dommage de ne pas tout mettre en œuvre pour favoriser la conservation du produit. Le silo doit être un coffre-fort hermétique !

En limitant les pertes, la bonne conservation des fourrages participe à l’optimisation du chargement et de la production par hectare. Ainsi, tous les fourrages stockés dans les silos doivent finir dans le rumen de la vache et être valorisés par la production d’un lait riche au profit d’une bonne marge économique.

Bâches neuves et labellisées

Une des clés de la réussite de la confection d’un silo d’ensilage réside dans l’utilisation de bâches neuves et labellisées pour le dessus et aussi pour les côtés. L’entrée d’oxygène est le pire ennemi du principe de conservation par fermentation. En effet, elle favoriserait la reprise en fermentation du fourrage et entrainerait une perte de matière sèche et la dévalorisation de ses qualités énergétiques tout en le rendant moins appétant. L’imperméabilité à l’oxygène, mesurée en cm³/m²/jour, requiert une excellente qualité de bâches. Or, celles réalisées à partir de plastiques recyclés sont davantage poreuses. Il est donc nécessaire d’opter pour des films spécialisés fabriqués à partir de matières premières très haut de gamme. Cette préconisation est également valable pour les bâches murales qui seront fixées aux parois. La dimension de la bâche est déterminée par la largeur du tas. Il faut y ajouter 15% en silo couloir et 30% pour les silos taupinières.

Mono ou multi couche ?

L’épaisseur d’une bâche, exprimée en microns, varie de 40 à 180 μ. Les films de faibles épaisseurs sont destinés à être appliqués en sous-couche. Généralement translucides, ces produits très souples et légers vont maximiser l’étanchéité en se plaquant aux irrégularités du tas tel un film cellophane. La superposition d’une bâche de 100 à 150 μ parfait la fermeture en assurant la résistance mécanique et la protection contre la lumière. Il s’agit de la meilleure combinaison de couverture ; de nombreux essais ont démontré une réduction des pertes de 5 à 15% par rapport à l’utilisation d’une seule couche. Le surcoût de cette technique est largement compensé par le gain de fourrage.

La résistance à la perforation est un critère de choix important de la bâche pour assurer une bonne protection mécanique lorsqu’il faut passer sur le tas et contre les dégâts d’oiseaux. Les fabricants mesurent cette caractéristique avec le Dart-test : il s’agit de laisser tomber en chute libre sur la bâche un projectile plus ou moins lourd d’une certaine hauteur. La valeur exprime ainsi la limite de rupture des films lors de l’impact. Pour les bâches de silo, elle varie de 200 à 700. Lorsqu’une toile de silo (ou filet) est étendue pour finir la couverture, une valeur de 200 à 300 est largement suffisante.

Lester avec soin

Petit à petit les pneus laissent la place aux boudins sur les silos. Pour leur remplissage, il est préférable de privilégier les cailloux au sable. Ils sont moins lourds lorsqu’il pleut et ils réduisent le risque d’éclater le sac en cas de gel. Il faut choisir des cailloux ronds et non coupants pour préserver la solidité du boudin et ne pas risquer de percer la bâche. Enfin, il est parfois plus intéressant d’acheter des boudins déjà remplis plutôt que de le faire soi-même (coût des matériaux et temps). Dans tous les cas, le lestage à l’aide de ballots ou tout autre matière organique est à bannir.

Il existe une grande diversité de systèmes de couverture des silos d’ensilage. L’important est d’opter pour une solution très hermétique et surtout de veiller à tasser suffisamment avant de couvrir. Dans le contexte actuel, avec des stocks fourragers tendus dans la plupart des élevages et le coût des aliments, le surcoût de certaines options comme le microfilm et les systèmes multicouche est assurément un investissement à étudier.

L’équipe Fourrages d’ACE