Quand le rumen va, tout va !

Quand le rumen va, tout va !

Infections mammaires, problèmes de reproduction, boiteries, …, les maladies métaboliques (acidose, acétonémie, etc..) peuvent être à l’origine d’un bon nombre de maux en élevage laitier. Pour se prémunir le plus possible de ces situations délicates, il est indispensable d’avoir les « garde-fous » nécessaires au suivi alimentaire du troupeau.

de Benoit Verriele – le 14 octobre 2020

Parmi l’ensemble des indicateurs disponibles, les taux (TB-TP) sont certainement les plus répandus. Les résultats tank, disponibles tous les 3 jours, et les résultats individuels sont des indicateurs précieux et complémentaires pour apprécier la situation métabolique. Les premiers sont réguliers mais peuvent masquer des différences ou des difficultés au sein du troupeau tandis que les résultats individuels permettent une analyse par lot d’animaux (moins de 100 jours de lactation, de 100 à 200 jours…).

Le taux butyreux est sans doute l’indicateur le plus réactif et le plus sensible à tout changement alimentaire. Selon la modification alimentaire, la variation de TB interviendra dans un délai de 1 à 7 jours. Pour un même animal, le TB varie selon la saison, le stade de lactation, l’alimentation et/ou la couverture des besoins. L’incidence des deux premiers facteur (saison et stade) étant connue, il est possible de calculer le TB attendu pour une vache selon la saison et son stade de lactation et plus globalement pour un troupeau.

Le graphique ci-dessous représente la situation attendue (en bleu) et la situation réelle (en orange). Un dysfonctionnement alimentaire apparait nettement sur les mois de juillet, août et septembre. Pour le caractériser précisément, il est désormais possible de s’appuyer sur le profil d’acides gras du lait. Le déficit de TB visible en août sur le graphique peur être le signe d’un manque d’énergie ou d’une situation d’acidose ou encore un apport de matière grasse insaturé.

Un dysfonctionnement alimentaire apparait nettement sur les mois de juillet, août et septembre.

Le rapport TB/TP est le critère le plus rapide et le plus synthétique pour estimer les risques d’acidose et dans une moindre mesure le déficit énergétique. Un résultat proche de 1,20 indique un risque de basculement vers l’acidose selon Jean-Louis Peyraud (Inrae). C’est d’ailleurs cette limite basse qu’utilisent les conseillers d’Avenir Conseil Élevage pour alerter les éleveurs sur une évolution potentiellement négative, tout en veillant à ne pas aller au-delà de 1,30. L’objectif est d’obtenir un rapport de 1,25.

Supprimer les sub-acidoses

Le rapport TB/TP du tank donne un point de la situation globale du troupeau tous les 3 jours. Mais il est utile de s’offrir davantage de précision en prenant le rapport TB/TP par lot d’animaux, plus riche d’enseignements, et notamment pour surveiller les vaches à moins de 100 jours qui reçoivent parfois plus de concentrés.

Une des origines des boiteries

Pour assurer la bonne santé métabolique d’un troupeau, il est également possible de suivre le risque d’acétonémie.  Depuis sa mise en place, l’indicateur Cétodétect a permis d’identifier un grand nombre de situations dans lesquelles les vaches sont en difficulté « énergétique » alors qu’elles ne présentaient aucun signe d’acétonémie (acétonémie de type 1).

Les déficits énergétiques peuvent être à l’origine de boiteries. C’est particulièrement le cas des vaches en début de lactation. Ainsi, il est important de surveiller le niveau de corps cétoniques des vaches à moins de 100 jours de lactation. Pour limiter les risques, il ne faudrait pas avoir plus de 15% de cette catégorie d’animaux en situation d’acétonémie.

Mesurer l’efficacité de la ration

Le taux d’urée est également une donnée permettant de mesurer la situation métabolique du troupeau. Le résultat optimum se situe entre 220 et 250 mg/l de lait. Même si ces repères ne sont pas scientifiques, l’expérience montre que le fonctionnement de la panse et l’expression des performances sont optimales à ces niveaux.

Le taux d’urée du lait est intéressant pour :

  • Valider une ration et notamment la quantité de correcteur azoté à apporter. Il vient conforter ou pas les analyses fourrages et l’ingestion mesurée. Par exemple, si les vaches de moins de 100 jours mangent le correcteur au robot mais ingèrent mal la ration à l’auge, le taux d’urée sera élevé.
  • Détecter un excès d’azote soluble ou un déficit énergétique à condition de l’interpréter avec les résultats de TP. En effet, un taux d’urée seul est difficilement interprétable (Graphique ci-dessous)